En mai dernier, le Bureau de l’Inspecteur Général (BIG) a publié un rapport d’audit sur l’approche du Fonds mondial en matière de suivi des subventions. Le rapport décrit les réalisations et les domaines présentant des lacunes, en soulignant l’importance d’un suivi efficace des subventions pour obtenir l’impact programmatique souhaité dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Suivi des subventions
Le suivi des subventions est un processus essentiel qui implique la collecte, l’analyse et l’utilisation de données pour suivre les performances programmatiques. Compte tenu de la complexité des interventions dans les domaines du VIH, de la tuberculose et du paludisme, pour lesquelles de nombreuses données sont générées, le suivi peut s’avérer ardu mais nécessaire. Le Fonds mondial travaille régulièrement avec les principaux récipiendaires (PR), les instances de coordination nationales (ICN) et d’autres parties prenantes clés pour la revue des performances et l’évaluation des risques associés aux subventions. Cette collaboration permet de “rectifier le tir” en temps utile dans les interventions programmatiques, de maximiser les impacts positifs et de minimiser les risques. En intégrant de manière croissante les systèmes de suivi dans les fonctions de gestion interne telles que la performance, le risque et la gestion financière, le suivi des subventions devient non seulement vital, mais également multiforme et exigeant.
Constats de l’audit
Performances
Le rapport d’audit a mis en évidence les principales améliorations apportées au suivi des subventions, telles que la note de politique opérationnelle et les procédures opérationnelles de suivi stratégique de la mise en œuvre, récemment introduites. Ces éléments guident désormais la planification de la mise en œuvre, le suivi stratégique et la redevabilité concernant la subvention au niveau de la mise en œuvre. La surveillance des alertes précoces par le biais des «contrôles ponctuels» est désormais un processus actif pour les PR dans les pays à fort impact et les pays du portefeuille de base. Les PR peuvent désormais fournir des mises à jour sur les progrès de la mise en œuvre, les défis et les problèmes liés au reporting sur des indicateurs de couverture et des indicateurs financiers sélectionnés. Il conviendrait que les pays (ICN, PR/SR) se familiarisent avec ces outils et les utilisent à terme dans le cadre de leur travail de routine.
Le formulaire PU/DR (Mise à jour sur l’état d’avancement et demande de décaissement) a été intégré dans les rapports et comprend les rapports financiers du mécanime C19RM, les rapports fiscaux et les recommandations prioritaires pour les PR et les agents locaux du Fonds. En outre, le portail des partenaires du Fonds mondial permet de soumettre en ligne les PU/DR et les contrôles ponctuels. Les lettres de performance adressées aux PR sont disponibles sur le portail en vue d’améliorer les rapports. Contrairement aux précédentes, une nouvelle méthodologie de notation a été introduite avec trois notations distinctes dans le but de mieux différencier les performances des subventions de celles des PR. Ce guichet unique facilite la navigation dans de nombreux documents et la rend plus rapide.
Notations de l’audit des subventions
Dans l’ensemble, l’approche du suivi des subventions du Fonds mondial a été notée comme suit:
Approche du suivi de la performance et de l’impact des programmes – Partiellement efficace
Conception des processus, des directives et des outils permettant d’identifier, de suivre et d’atténuer les risques liés aux subventions – Partiellement efficace
Exécution des processus, des directives et des outils d’identification, de suivi et d’atténuation des risques liés aux subventions – Nécessite des améliorations importantes.
Structures, processus, systèmes et outils de suivi stratégique de la mise en œuvre des subventions – Partiellement efficace.
Implications de l’audit
L’audit a conclu que les responsables de mise en œuvre des subventions du Fonds mondial doivent connaître de manière générale et exhaustive les indicateurs de couverture, de résultats et d’impact relatifs à leurs programmes. Ces indicateurs sont essentiels pour le suivi de la performance des programmes et pour déterminer si la mise en œuvre est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés.
Certains programmes nationaux ne disposent pas d’objectifs de subvention SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, et Temporel.) liés à leurs stratégies nationales, ce qui limite la capacité du Fonds mondial à en suivre l’impact. Un engagement conséquent avec les parties prenantes, notamment les bénéficiaires, est nécessaire pour assurer l’alignement en vue de garantir la capture des diverses priorités et leur affinement en objectifs de mise en œuvre spécifiques et consensuels.
L’audit a mis en évidence les difficultés inhérentes aux données et le manque d’harmonisation entre les investissements des subventions et les objectifs de couverture, certains indicateurs étant établis à partir d’estimations démographiques. Les programmes doivent donc utiliser les données les plus récentes pour suivre les progrès accomplis car certaines estimations peuvent être dépassées, ce qui augmente la probabilité d’inexactitudes.
En Afrique, les subventions du Fonds mondial sont confrontées à des risques multiformes émanant des capacités institutionnelles, de la faiblesse de la gouvernance, de la corruption et de l’instabilité politique, qui sapent les efforts de suivi des risques. En ce qui concerne la gouvernance, le Fonds mondial devrait explorer certains aspects de l’évolution des ICN qui pourraient être empruntés pour renforcer ce domaine, notamment en formulant des recommandations aux pays sur la meilleure façon d’utiliser les idées visant à relever les défis en matière de gouvernance. En outre, il est conseillé de renforcer les capacités techniques et humaines des PR afin d’améliorer les compétences en matière de suivi des risques. Cette capacité permettra de renforcer le suivi des principales mesures d’atténuation des risques liés à la subvention.
Conclusion
Le rapport d’audit du BIG sur le suivi des subventions du Fonds mondial révèle des forces importantes et des aspects critiques à améliorer. Bien que le cadre global de gestion des risques et l’engagement continu avec les principales parties prenantes constituent une base solide, des défis tels que l’absence d’objectifs SMART et les problèmes liés à l’exactitude des données empêchent d’obtenir des résultats optimaux. Pour améliorer l’efficacité du suivi des subventions, le Fonds mondial doit promouvoir le module de gestion intégrée des risques, en veillant à relier clairement les objectifs SMART aux stratégies nationales. En procédant ainsi, le Fonds mondial pourra mieux gérer les risques, atteindre ses objectifs programmatiques et, au final, renforcer la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Pour l’avenir, il est essentiel que le Fonds mondial exploite ses forces, mette en œuvre les recommandations du BIG et promeuve une plus grande collaboration entre les parties prenantes dans les pays. Ces mesures permettront de renforcer le suivi des subventions et la gestion des risques, contribuant de ce fait à l’amélioration des résultats sanitaires et à l’utilisation efficace des ressources.