« Il est essentiel que la voix africaine soit entendue parce que l’Afrique est le continent le plus affecté par les trois épidémies (SIDA, Tuberculose, Paludisme (NDLR) », a déclaré Peter SANDS, Directeur exécutif du Fonds mondial, devant plus de trente délégués qui ont participé à la réunion de haut niveau avec les ministres de la santé de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC) en marge de l’Assemblée Mondiale de la Santé (AMS) à Genève. La séance de travail du 23 mai 2018 dernier a réuni les ministres de la santé du AOC, des représentants du Fonds mondial, de l’ONUSIDA et de l’ambassadeur français de la Santé mondiale afin de réfléchir sur les problèmes majeurs de la région.
Cette rencontre née de de l’initiative du Ministre de la Santé de la République Démocratique du Congo (RDC) Dr. Oly ILUNGA, nouveau membre du Conseil d’Administration du Fonds Mondial pour l’AOC, en collaboration avec l’ONUSIDA et du Bureau des Circonscriptions Africaines. Notons que parmi les participants le Directeur Exécutif de l’ONUSIDA, Michel SIDIBE, l’Ambassadeur de la Santé mondiale du gouvernement français, S.E. Stéphanie Seydoux, l’Ambassadeur de la RDC en Suisse, S.E Zénon Mukongo NGAY, le nouveau membre du Conseil d’administration du Fonds mondial pour L’Afrique de l’Ouest et du Centre, le professeur Pascal NIAMBA, Mark EDINGTON du Fonds mondial et Dr Fred MUWANGA, Directeur Exécutif de l’ACB.
SANDS a souligné que le fonds mondial ne saurait réussir à faire face aux trois épidémies si L’Afrique de l’Ouest et du Centre n’y arrive pas. Il a également signalé que l’accent sera mis sur le suivi de la bonne mise en œuvre des subventions qui ont été accordées dans la région. De son avis, il est urgent pour la région AOC d’atteindre des résultats clés autour des cibles 90-90-90 (A l’horizon 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique; 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement anti rétroviral durable; 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée) pour lesquels la sous-région est à la traîne, en assurant une gestion et des contrôles financiers solides et entretenant des discussions continues avec les ministres des finances pour s’assurer que les engagements financiers nationaux sont respectés. Important également pour M. Sands de réfléchir sérieusement à la répartition des subventions pour 2020-2022 qui déterminerait l’allocation des ressources pour la période et de bâtir des partenariats stratégiques car insiste-t-il, son organisation est déterminée à écouter les différents acteurs et à apporter son soutien pour un plus grand impact contre les trois épidémies.
Abordant également le besoin de bâtir des partenariats forts, Mark EDINGTON, responsable des subventions au Fonds Mondial a estimé que dans la lutte contre les trois épidémies, il est crucial d’avoir des discussions franches avec ses partenaires, s’assurant de garder l’équilibre entre les droits et les obligations. Dans cette dynamique, les pays africains ont le devoir de veiller à ce qu’ils respectent leurs engagements, y compris le remboursement des frais et la protection contre la fraude et la corruption, et, le cas échéant, des enquêtes approfondies et des mesures pour y remédier.
La France représentée par S.E Stéphanie SEYDOUX a réitéré le dévouement du gouvernement français aux initiatives mondiales en matière de santé, comme en témoigne l’annonce récente que la France accueillera la conférence de reconstitution. Elle a ajouté que l’Afrique restait une priorité pour la politique de développement française, ajoutant qu’il est essentiel d’identifier les populations clés affectées par les trois épidémies et de les cibler avec des interventions éprouvées.
Les ministres de la santé présents à l’événement se sont tour à tour exprimés sur le rôle clé du Fonds mondial dans l’éradication des trois maladies, mais aussi leurs préoccupations. La ministre de la santé du Congo, Mme. Jacqueline Lydia MIKOLO a exhorté le Fonds mondial non seulement à se concentrer sur le traitement, mais également à équilibrer la réponse avec le soutien de la communauté et des institutions. Elle a aussi souligné que les ministères de la santé tous autant qu’ils sont, font de leur mieux pour honorer leurs engagements en matière de finances intérieures malgré le nombre élevé de priorités sanitaires concurrentes et les ressources financières limitées, en particulier en raison des mauvaises performances économiques dans la plupart des pays africains. Les ministres de la santé se sont par ailleurs exprimés sur la nécessité de veiller à ce que le Fonds mondial adopte des approches adaptées à leur soutien dans les États fragiles, et du besoin crucial de veiller à ce que les ministères de la santé restent au centre des efforts de coordination.
Le Pr. Nicolas MÉDA, ministre de la santé du Burkina Faso, a quant à lui évoqué les défis du pays en matière de dépistage des cas de tuberculose et de résurgence du paludisme, même si la capacité d’absorption à 97% était très bonne. Il a sollicité l’aide de l’ONUSIDA et d’autres partenaires techniques pour combler les lacunes du pays et en particulier le secteur public qui est en retard dans sa réponse comparée celle de la société civile.
Clôturant la rencontre, le Dr. ILUNGA, qui a participé virtuellement à la réunion, a rappelé à la réunion l’importance du Fonds mondial, indiquant que de nombreux pays africains n’auraient pu atteindre leurs objectifs ODD sans le Fonds Mondial. Ce faisant, il a interpellé les pays africains sur la nécessité de s’approprier les mécanismes et le travail du Fonds mondial et de mieux travailler avec la société civile et d’autres acteurs. Il a reconnu que la capacité d’absorption était une frustration continue et que le partenariat devait trouver une solution durable pour que l’impact soit réalisé. Réitérant ses préoccupations concernant l’équilibre entre le traitement et la prévention, il a terminé son allocution en remerciant le gouvernement français de s’être engagé à accueillir la conférence sur la reconstitution qui, selon lui, devrait marquer le changement de paradigme tant attendu du Fonds mondial vers une approche axée sur les résultats.
Les participants ont salué cet événement comme une première étape cruciale pour s’assurer que l’Afrique s’engage dans la communauté mondiale de la santé pour que sa voix collective soit entendue. L’engagement des ministres de la santé lors de cette rencontre est un autre élément essentiel pour renforcer la voix de l’Afrique. Il reste cependant beaucoup à faire pour s’assurer que les dirigeants africains restent engagés et que cela se traduise par des actes forts